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The glorious first of june (1794)


Jean-Gaspard de Vence

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The glorious first of june (1794)

 

Tel est en effet le titre donné par la Royal Navy pour commémorer un épisode de sa lutte incessante pour la suprématie de la Grande Bretagne sur les océans.

Les historiens français désignent par « Combats de Prairial » les mêmes évènements dramatiques qui se déroulèrent il y a plus de deux siècles au large de la mer d’Iroise.

 

 

Aboukir, Trafalgar, autant de grands désastres navals qui ont gravement entravé les prétentions d’expansions françaises. On connaît moins ces évènements de Prairial dont on pourrait penser, vu les termes utilisés par les britanniques pour les désigner qu’ils sont à mettre dans la collection des grandes défaites de la marine française. Pas si sûr, mais regardons-y de près. 

 

 

Rappel du contexte :

 

1793 : qui commande en France en cette période ? A côté du gouvernement de la Convention Nationale, c’est en réalité le Comité de Salut Public qui tire les ficelles. Ce Comité, après l’élimination de Danton (10 juillet 1793), comprend 12 membres : Barère, Robespierre, Lindet, Jean Bon Saint André, Hérault de Séchelles, Prieur de la Marne, Couthon, Saint Just, Prieur de la Côte d’Or, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Carnot.

 

Attardons nous un moment sur Jean Bon Saint André : ce monsieur, ex pasteur protestant, ex capitaine au long cours a en effet autrefois navigué et, à ce titre, est chargé « des affaires de marine » au sein de ce comité de salut public. D’une main de fer il organisa (à sa façon) l’ex marine royale vidée en grande partie de ses ci-devant cadres et relança les chantiers de constructions navales aidé en cela par un ingénieur de génie : Jean Noël Sané.

 

Il y avait par ailleurs au sein du gouvernement de la Convention un ministre de la marine et des colonies en la personne de Jean Dalbarade dont l’entente avec les membres du Comité ne sembla pas poser de problème.

 

1793 est en effet l’année de tous les dangers pour l’équipe (encore) au pouvoir :

 

Les Anglais qui sont à Toulon occupant l’Arsenal se sont emparés de la flotte du malheureux amiral Trogoff, les prussiens s’apprêtent à franchir le Rhin, les autrichiens sont dans les Ardennes et à l’ouest la Vendée est en guerre ouverte contre la Révolution. 

 

Dès le mois de mai 1793, Kerguelen informa le ministre de la Marine Delbarade que la disette sévissait à Brest et qu’il ne resta rien pour fabriquer des biscuits de mer ! Quant au gouvernement, il n’avait plus de quoi nourrir les parisiens.  

 

C’est dans ce contexte que le comité décida acheter des provisions et des farines aux Etats-Unis. Mais ces américains, en dépit de l’aide apportée par la France pour conquérir leur indépendance quelques décennies plus tôt, n’étaient pas préteurs et surtout pas à ces révolutionnaires régicides français : on devait payer cash ! 

 

A cet effet dix barils d’or (des pièces à l’effigie du « tyran ») pour une valeur de cinq millions de livres d’or (!) avaient été requis auprès du comité des finances pour être convoyés à Brest et être embarqués à bord du vaisseau de 74 canons « Le Tigre ».

 

A Brest, une petite escadre composée de deux vaisseaux de 74 canons (Le Tigre et Le Jean Bart), d’une frégate (La Sémillante) et d’une corvette était préparée pour cette traversée vers l’Amérique sous les ordres d’un marin (et surtout !) homme de confiance : Pierre Jean Vanstabel, ex-corsaire dunkerquois, aujourd’hui au service de la république, récemment promu contre amiral par Jean Bon lui-même. Un ministre plénipotentiaire (le citoyen Fouchet), avait par ailleurs été désigné pour accompagner ce petit monde afin de se présenter officiellement auprès du gouvernement des Etats-Unis au nom de la République Française une et indivisible. 

 

Le plan était le suivant : Vanstabel et sa petite flotte sortiront discrètement de Brest (le 26 décembre 1793) en évitant les croiseurs anglais, pour se rendre en baie de Chesapeake afin d’ y négocier les achats des denrées requises. Vanstabel et Fouchet avaient reçu les instructions les autorisant à réquisitionner les navires français se trouvant sur place afin d’assurer le transport des marchandises : ça tombait bien, car des navires marchands français, il y en avait beaucoup à ce moment en baie de Chesapeake, ayant dû fuir l’île de Saint Domingue où les esclaves commandés par Toussaint Louverture étaient en révolte. (L’île de Saint Domingue, de nos jours, partagée en deux avec à l’est la république Dominicaine et à l’ouest la république d’Haïti) 

 

Se posait évidemment le problème du retour !

 

Pour cela il avait été convenu qu’une seconde escadre forte de six vaisseaux et plusieurs frégates sous les ordres du contre amiral Nielly irait attendre le convoi Vanstabel en croisant près des îles Flores et Covo (par 39,5° LatN, 32°LoW) dans l’archipel de Açores.

 

Quant à Jean Bon Saint André, il devait se rendre à Brest pour monter à bord de La Montagne, vaisseau amiral de la flotte de l’Atlantique composée de deux escadres de trois divisions comprenant au total 25 vaisseaux de ligne dont 1 de 120 canons, 3 de 110, 4 de 80, et 17 vaisseaux de 74 canons !

 

Cette flotte était sous les ordres du contre amiral Louis Thomas Villaret de Joyeuse qui, lui aussi devait sa promotion à Jean Bon…Elle devait assurer la sécurité du convoi de Vanstabel à l’approche de côtes françaises contre toute tentative anglaise de s’en emparer.  

 

Les préliminaires :

 

La petite escadre de Vanstabel mouilla le 12 février 1794 en baie de Chesapeake cinq semaines après son départ de Brest non sans avoir capturé au cours de sa traversée une trentaine de navires marchands, anglais pour la plupart, coulant ceux qui pouvaient les retarder, évitant ainsi de laisser des témoins derrière son sillage.

 

Sur site, de Baltimore à Yorktown et Hampton, nos petit français, aidé par un capitaine Emeriau fortuitement présent sur les lieus (lui aussi finira amiral, et même préfet maritime de Toulon, puis pair de France) s’employèrent dare dare à négocier, acheter, réquisitionner et charger toutes ces denrées sur plus d’une centaine de navires (115 à 130 selon les sources, suivant que l’on compte, ou non, les prises…) avant d’acheminer tout ça vers Brest !

 

Sur place, certains capitaines des navires marchands réquisitionnés se moquaient ouvertement de Vanstabel :"Toi, tu nous réquisitionnes un par un, mais sur la route du retour Lord Howe (l’amiral anglais en charge des côtes françaises) te réquisitionnera toi et ton convoi, le tout en bloc !"

 

Le capitaine Emeriau et sa frégate l’Embuscade se joignirent à l’escorte pour le retour.

 

Malgré un nombre important de matelots malades (jusqu’à 15 morts par jour au paroxysme, selon Pucket, ami de Vanstabel et l’accompagnant dans cette aventure), et les dangers qui le guettai, Vanstabel mit à la voile le 10 avril 1794 (20 germinal an II) cap sur Flores et Covo. Il avait informé de son départ par courrier (transmis par des voiliers légers et rapides ici la corvette Le Papillon avait été envoyée par Vanstabel) le ministre Dalbarade et le comité de salut public.

 

Dès réception de ce courrier, il fut commandé à l’escadre du vice amiral Nielly de se porter à la rencontre du convoi au point convenu (Flores et Covo). Cinq vaisseaux (Le Sans Pareil, 80 canons, Le Patriote, Le Trajan, Le Téméraire, L’Audacieux, tous de 74 canons, plus une grosse frégate La Galathée de 40 canons et enfin quelques bâtiments plus légers composaient cette escadre.

 

Côté anglais, les informations concernant le départ du convoi depuis la baie de Chesapeake : date, nombre de navires, force de l’escorte avaient bien été transmises à l’Amirauté par les nombreux informateurs qu’elle entretenait aussi bien en France qu’à l’étranger.

 

D’autre part, l’appareillage de l’escadre Nielly fut bien interprété par les observateurs anglais comme l’imminence de l’approche du convoi.

 

Ces renseignements recoupés, Lord Howe se mit au travail afin de préparer son plan en conséquence : mettre dans un premier temps hors de combat la flotte de Villaret de Joyeuse, dès sa sortie de la rade de Brest, dont il connaissait l’impréparation et l’inexpérience des équipages, puis s’emparer du convoi, ce qui aurait pour conséquence d’affamer un peu plus les français et de faire faire une bonne affaire aux courtiers de la City qui déjà spéculaient sur les profits à venir de la vente des denrées capturées ! 

 

Voilà, ce 16 mai 1794 les acteurs sont en place : Vanstabel et son convoi arrive en vue des Açores, l’escadre Nielly fait route à sa recherche pour l’escorter, Villaret de Joyeuse et Jean Bon Saint André sont à Brest prêts à appareiller et Lord Howe et sa flotte forte de 32 vaisseaux de ligne et 10 frégates sortent de Spithead, parés pour anéantir la flotte française.

 

 

Ce 16 Mai 1794, (27 floréal) Vanstabel escorte son convoi de 116 navires marchands cap à l’est vers les Açores. Plus au nord, le Vice amiral Nielly est sorti de Brest avec son escadre de 6 navires (5 vaisseaux de ligne et une grosse frégate) et fait voile lui aussi vers les Açores à la rencontre de Vanstabel. A Brest, vent favorable aidant, le gros de la flotte française sous les ordres de l’amiral Villaret de Joyeuse s’apprête à sortir de la rade pour sécuriser la mer d’Iroise et l’atterrage du convoi.

 

Du côté anglais, l’amiral Howe sort de Spithead avec sa flotte forte de 32 vaisseaux de ligne et 10 frégates dans le but de détruire la flotte française et de s’emparer du convoi.

 

Pas de GPS, pas de radars, pas de radio, ni téléphones à cette époque : seul moyen de reconnaissance : les petits navires légers et rapides qui portent les courriers et effectuent des recherches pour reconnaître la position des uns et des autres.

 

Dans ce contexte, laissons Georges Bordonove nous expliquer la situation  :" Brest ignorait où se trouvait Vanstabel et ce dernier n’avait point rencontré l’escadre Nielly. Villaret croyait au contraire que Nielly s’était réuni à Vanstabel. Il en était de même de l’amiral Howe, qui au moment où la flotte de Villaret prenait le large et piquait vers l’ouest, allait vers Brest pour surprendre Villaret. Les deux flottes progressant en sens inverse ne s’aperçurent pas sur le vaste Océan en dépit de leurs éclaireurs."

 

On ne peut mieux présenter l’incertitude qui présidait à ces joutes navales. Ajouter à cela le mauvais temps, la brume, les aléas du vent…On devine l’état de tension que vivait un commandant de vaisseau de ligne avec le souci de remplir sa mission, de préserver son navire et d’épargner la vie des 6 à 700 hommes de son équipage !

 

C’est ainsi qu’au cours de cette partie entre aveugles, le 19 mai, un navire égaré de l’escadre Nielly, Le Patriote, se joignit aux escadres de Villaret.

 

Du 1er (20 mai) au 7 de prairial, la flotte poursuivit ses reconnaissances à l’aide des frégates et corvettes, sans autres rencontres que quelques marchands aussitôt interrogés sur les possibilités de position de la flotte anglaise. Villaret poursuivit ses va et vient sud est-nord ouest à la recherche de l’ennemi. 

 

Le 8, au lever du jour, les frégates éclaireuses signalèrent de nombreuses voiles dont la position trop au nord pour être celles du convoi Vanstabel indiquait que la flotte anglaise serait bientôt au contact !

 

Sur le navire amiral, Villaret et Jean Bon Saint André réunissent leur état major et décident d’utiliser le vent de nord est qui souffle "joli frais" et de faire route nord ouest afin d’attirer l’armée anglaise qui les poursuit le plus au large possible, espérant ainsi l’éloigner de la route présumée du convoi attendu. Ainsi durant la journée du 8, les deux flottes font route parallèlement, cap au nord ouest vers au large…

 

Premières canonnades : dans cette soirée du 8, l’avant-garde anglaise avec cinq de ses navires les plus rapides finit par rattraper l’arrière garde française, en l’occurrence Le Révolutionnaire, de 110 canons, le plus puissant des vaisseaux français. Le combat qui s’ensuivit à coups de canons fut d’une violence extrême, mais la puissance de feu du navire français était telle que les cinq anglais furent repoussés et un de ses assaillants, L’Audacious, dut lâcher prise et rentrer en Angleterre. Le Révolutionnaire, quant à lui fort mal en point fut abandonné et par les siens et par l’ennemi, à la dérive sur l’Océan…Il fera opportunément la rencontre d’une frégate française qui le remorquera à Brest

 

Pendant ce temps, Le Papillon (cf. : l’épisode précédent), qui, on s’en souvient, avait été envoyé par Vanstabel pour informer de son départ et de sa route était arrivé à Brest. Là, l’amiral Thévenard qui commandait le port l’avait renvoyé pour informer Nielly de la position où vraisemblablement son escadre aurait les plus grandes probabilités de faire sa jonction avec le convoi. Nielly reçu cet aviso et lui ordonna de chercher la flotte de Villaret afin de rendre compte de ces informations. Infatigable, Le Papillon pu retrouver la flotte française qui était en souffrance sous les assauts des navires anglais en plus grand nombre. C’est la raison pour laquelle, Jean Bon le chargea de transmettre à Nielly l’ordre de rejoindre les combats. Le 10 de prairial au matin, Nielly parut donc à l’horizon amenant le renfort de trois vaisseaux et d’une frégate.

 

Dans la nuit du 10 au 11, le temps se couvrit et la brume persista jusqu’au 12 enveloppant les deux flottes qui ne s’apercevaient plus que par intermittence.

 

Cet intermède fut mis à profit côté français pour panser les plaies des premiers assauts, réparer les navires endommagés, et réorganiser l’armée navale : Le contre amiral Nielly prenait le commandement de l’arrière garde, tandis que le contre amiral Bouvet prenait celui de l’avant-garde. L’intention de Villaret et Jean Bon étant toujours d’éloigner la flotte anglaise le plus loin possible des côtes françaises, et de n’accepter le combat qu’en dernier recours. 

 

De son côté, l’amiral anglais, décidé à l’affrontement, transmettait ses instructions à ses officiers sur la tactique qui lui semblait la plus appropriée. Les anglais avaient en effet constaté que les manœuvres des vaisseaux français étaient exécutées avec lenteur voire à contre sens ce qui démontrait l’inexpérience de leurs officiers. Au vu de cette faiblesse, son intention était de profiter de l’avantage du vent pour couper la ligne de file des navires français en plusieurs points afin de les canonner en enfilade au passage, puis d’isoler les plus atteints pour achever de les détruire.

 

A l’aube du 13 de prairial (1er juin) les deux flottes se trouvaient alors à 400 miles des côtes quand le combat s’engagea : plusieurs navires anglais parvinrent à percer la ligne française et la mêlée devint indescriptible tandis qu’un voile de fumée réduisit considérablement la visibilité des combattants. 

 

En fin de matinée, un vent léger dispersant la fumée, Villaret put se rendre compte de la situation : de nombreux duels avaient tournés à l’avantage des anglais, lui-même sur La Montagne étant complètement isolé. Apercevant un groupe de cinq navires se tenant en dehors du combat, il manoeuvra pour tenter de les rassembler et porter secours aux bâtiments français les plus touchés.

 

Enfin vers six heures du soir, il ordonna à ses frégates et corvettes de prendre en remorques les navires désemparés et à huit heures du soir ordonna au restant de sa flotte de faire route au nord ouest. A ce moment il lui restai 19 vaisseaux, 7 ayant été capturés par les anglais. Mais, bizarrement, Howe alors en supériorité numérique ne poursuivit pas la flotte de Villaret, ce que lui reprocheront ses supérieurs de l’Amirauté, entre autre, plus tard !  

 

Un épisode de cette bataille navale fut mis en exergue par le pouvoir afin d’exalter le patriotisme de la Nation : la terrible fin du vaisseau Le Vengeur-du-Peuple ! Ce vaisseau de 74 canons qui appartenait à l’escadre du centre de la flotte fut pris à parti par deux vaisseaux ennemis qui pendant trois longues heures le canonnèrent à bout portant. A ce terme, Le Vengeur n’était plus qu’un ponton démâté dont l’eau remplissait la cale et qui lentement s’enfonçait dans les flots. Les anglais envoyèrent quelques canots afin de recueillir les naufragés dont le commandant de ce navire qui fut un des premiers à le quitter ! Mais la légende veut que ceux des marins qui ne purent quitter le bord, coulèrent avec en criant "vive la République !". Cette épopée fut glorifiée au point qu’une statue de marbre fut érigée plus tard au Panthéon ! Les envolées lyriques d’André Chénier firent oublier la quasi désertion du capitaine de vaisseau Renaudin, commandant du malheureux Vengeur, au point que son nom est aujourd’hui encore inscrit sur l’arc de triomphe. 

 

Retrouvons la flotte de Villaret qui faisait route vers Brest avec ses blessés, ses navires endommagés ou en remorque et qui avait envoyé Le Papillon (encore lui !) afin de porter son rapport à l’attention de Dalbarade et du comité de salut public :" La fortune et les vents ont trahi le courage des républicains, mais le courage leur reste…" 

 

Mais la route vers Brest réserve encore une menace sérieuse ! En effet à l’aube du 21 de prairial (9 juin) les vigies signalèrent de nombreuses voiles et les frégates envoyées en reconnaissance rapportèrent qu’une flotte anglaise de 9 vaisseaux de ligne et quelques frégates barrait la route du retour. En effet, l’état major anglais avait envoyé cette seconde flotte commandée par l’amiral Montagu dans l’hypothèse où son amiral Howe aux prises avec les français, ne pourrait pas intercepter le convoi tant…convoité !

 

Quand l’amiral Montagu aperçu la flotte Villaret, il crut d’abord avoir affaire au fameux convoi, mais réalisant son erreur, il se méprit sur la force réelle de son adversaire restant dans l’expectative, en surestimant la valeur combattante des navires éclopés qui venaient à sa rencontre ! Villaret qui avait peut-être saisi cette hésitation donna l’ordre de sonner le branle-bas de combat et fit faire route sur l’ennemi qui cette fois pris réellement peur et fila cap au large. 

 

Cette manœuvre d’intimidation réussie, le 22 de prairial, Villaret et sa flotte purent enfin rentrer à Brest !

 

Mais où en était Vanstabel que nous avions quitté en vue des Açores ? C’était là en effet que devait s’effectuer sa jonction avec l’escadre Nielly. Ne l’y trouvant pas il réunit son état major et décida de poursuivre sa route et envoya un brick, La Mouche, vers Brest afin de donner les détails de sa route. Cependant, après trois jours de navigation, il traversa un espace de mer où flottaient de nombreux débris de matures, vergues, gréements, etc…Pas de doute, des navires venaient de s’affronter sur cette zone !

 

Sur ce qui fut décidé ensuite, voyons ce qu’en rapporte Plucket, lieutenant de vaisseau à bord du Tigre que commandait Vanstabel :"(Ces) débris nous firent connaître qu’il y avait eu un combat naval. Incertains de quel côté s’était fixée la victoire, un second conseil de guerre fut tenu à notre bord et d’après l’avis du contre amiral, il fut décidé de ne pas diriger notre route vers Brest, mais bien sur l’île de Sein, parage trop dangereux pour avoir à y craindre la rencontre de croiseurs ennemis. Vers le soir, nous trouvâmes le Raz de Sein, le vent servant avec une jolie brise ; le contre amiral donna alors ordre au vaisseau le Jean Bart, ainsi qu’aux frégates et corvettes de se placer à la tête de leurs colonnes respectives et de donner dans le passage, une colonne après l’autre, en ligne. Cet ordre parfaitement exécuté fit que tous les bâtiments passèrent le Raz sans le moindre incident. A la pointe du jour, nous eûmes lieu de rendre grâce à la providence, car nous aperçûmes six vaisseaux de lignes anglais qui croisaient dans l’Iroise." En effet, la sortie du Raz étant l’une des passes d’entrée de la rade de Brest, le convoi était alors hors d’atteinte des menaces ennemies. 

 

Si ce que rapporte Plucket est exact (témoin présent, pourquoi ne le serait-il ?), il fallait être suprêmement gonflé pour faire exécuter une telle manœuvre à un convoi de plus de 130 navires dans une passe aussi dangereuse ! 

 

Toujours est-il que le sacro-saint convoi qui avait coûté tant de vies humaines fut bien débarqué à Brest au grand soulagement de ceux qui en avaient ordonné sa livraison.

 

A la suite de cette affaire, l’amiral Howe fut accueilli à Londres en héros, tandis que Jean Bon parada à Brest puis à Paris en essayant de cacher les lourdes pertes en hommes (on estima à 5.000 le nombre de morts, blessés ou prisonniers) et en navires (8) de cette croisière.

 

Les anglais firent porter la responsabilité de l’échec de la récupération du convoi sur l’amiral Montagu, "The man who missed the grain convoy", il sera cependant reproché à l’amiral Howe de ne pas avoir "finish the job" en achevant d’anéantir la flotte française. 

 

Quant au véritable héros de cette épopée, le contre amiral Vanstabel, fort mécontent de la manière dont avait été conduite la bataille navale telle qu’on la lui rapporta, fut un peu mis à l’écart afin de ne pas ternir les festivités et le "zèle patriotique" qui suivirent l’arrivée de "son" convoi.

 

Vanstabel qui avait commencé sa carrière de marin dès l’âge de 14 ans, qui reçut plus tard une épée d’argent des mains du roi Louis XVI suite à ses exploits de corsaire finira sa vie à Dunkerque, sa ville natale, en 1797 tandis qu’il commandait l’armée navale de ma mer du nord et qu’il venait d’ouvrir à la navigation les bouches de l’Escaut et l’accès à la ville d’Anvers…

 

Source Alberto du site Agoravox

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